mercredi 12 septembre 2018

Confessions intimes

Lorsque nous avons commencé à parler bébé avec Doudou ; nous ne l'avions dit à personne.
(Sauf à à ma mère pour qu'elle se prépare psychologiquement à être grand-mère).
J'ai toujours eu des rapports bizarre avec ma mère : on s'entend bien et bien évidement que je l'aime, mais elle a toujours tendance à critiquer ; à dire ce qu'elle pense sans prendre les formes... Elle ne se rend pas compte qu'elle peut être blessante parfois.

Les mois passaient et rien ne se passait... Bizarrement, ou égoïstement,  je pensais que je tomberai enceinte très facilement.
On venait de dépasser la trentaine et malgré les difficultés que certaines personnes de mon entourage connaissaient, je n'ai jamais pensé que cela nous toucherait. Je nous pensais "normaux" (est-ce le bon terme ??)

Les mois se sont enchainés. Pas de grossesse.  Puis les premiers examens. Rien de bien dramatique de mon coté hormis un endomètre un peu feignasse. Après s'être acharné sur moi, mon gynéco s'est dit que pour faire un bébé il fallait être deux !! Et là,  le résultat allait nous ouvrir directement les portes de la FIV. Oligo-asthéno-tératospermie...

Doudou l'a très mal digéré.  Et malgré tous mes efforts pour le rassurer, lui dire que pour moi rien ne changeait, que je l'aimais toujours,  je sais qu'il l'a très mal vécu. Il a été touché dans sa virilité. Il pensait qu'il n'était pas normal.
Il se sentait fautif, et d'autant plus que j'allais devoir subir tous ces traitements...

Les FIV se sont suivies... et se sont ressemblées... échec sur échec.
Les embryons ne se développaient pas.

Tristesse, angoisse, désespoir, noirceur, abîmes.
Voilà les mots qui qualifient ces années... Je me suis refermée sur moi et coupée de mon entourage.
Une vraie porte de prison. J'avais des œillères et je ne voyais rien mis à part ma tristesses et ma douleur !
Nous n'avons jamais parlé de nos tentatives, de la PMA, de tout ceci, à personne.
On voulait juste leur annoncer un jour, une bonne nouvelle !

 Si c'était à refaire, j'en parlerai ! Je pense que cela m'aurait permis d'être entourée, accompagnée, sans avoir à supporter seuls avec Doudou, ce fardeau.
Après tout, ce n'est pas une honte.
Mais je sais que je n'en ai pas parlé pour protéger Doudou qui le vivait très mal. Qui ne le digérait pas.
Parce qu'il y a toujours quelqu'un pour dire : "vous pouvez pas faire d'enfant ? ah bon ? c'est qui ? c'est lui ou c'est toi ?" ...
C'est NOUS ! Un enfant ça se fait à 2 !
Mon mari souffrait... Je souffrais. Comme deux andouilles, on a décidé de supporter ça seuls. Sans se faire aider par des psy.
Les traitements ont déclenché en moi plein d'émotions bizarres, un peu comme si j'étais bipolaire... Je pouvais passer de la joie à la plus profonde tristesse en moins de 10 minutes.
Quand on me disait qu'il fallait qu'on se décide à faire un enfant : je répondais toujours méchamment que je n'en voulais pas, qu'un enfant ça servait à rien et que nous étions très bien comme ça.
Puis seule, je m'effondrais. Doudou était toujours là, toujours fort. Cette épreuve nous a renforcés.

Après un énième échec, (on a changé entre temps du premier gynéco un peu débile qui ne prenait même pas la peine de nous écouter ni de nous conseiller - il a même oublier de nous appeler pour le premier transfert !) la gynéco nous a fait faire une analyse de l'ADN des zozos (non remboursée par la sécu pour la modique somme de 175€) : nouveau résultat... ADN trop altéré pour continuer.
Toutes les tentatives se termineront de la même manière.... Mes gamètes n’étant pas assez forts pour reconstruire l'ensemble de l'information génétique nécessaire au développement d'un embryon.
Et puis même si un embryon se développait, il aurait probablement des tares, des malformations d'où un risque accru de fausses couches.

Et bam ! le coup de massue sur la tête ! 
Fini... plus de bébé. Plus de potentielle grossesse. Plus d'avenir :  Plus de Noël. Plus de jeu de société. Plus de rires... Plus de vie. Plus rien !

La vie était donc une vraie con"@##e. Pourquoi nous ? POURQUOI ? qu'est ce qu'on a fait pour mériter ça ???Mes œillères étaient toujours là... J'en devenais presque aveugle !

Et puis la vie, cette con"@##e, s'est acharnée sur d'autres personnes... De manière beaucoup, beaucoup plus grave... 5 cancers dans notre entourage. 5 morts en 16 mois. Une collègue de 32 ans, un ami de 45 ans, le papa d'une amie, deux collègues de boulot de Doudou.

Alors avec Doudou, on a relativisé. On a GRAVE relativisé ! Les œillères sont tombées, la vue nous a été rendue.
On peut pas avoir d'enfants ? Et alors ? On est jeunes (bon... plus trop), On est beaux (de manière très objective bien sûr 😁😁!!), on est en bonne santé, et SURTOUT on est VIVANTS !

Je me suis également mise au Yoga et à la méditation. J'ai commencé à appréhender la Vie de manière différente. Plus simplement.
Admirer un arbre, un enfant qui rit, le coucher de soleil, des moments simples à rigoler avec des amis, Noël, la mer, une fleur, le vent, Doudou qui est toujours là, un sourire, mes chats... LA VIE !

L'année dernière on a commencé a penser adoption. Et cette année on s'est lancés.
Et nous voilà dans cette belle aventure qui, même si je sais qu'elle sera longue, m'excite et me donne l'envie d'avancer et de me projeter dans l'avenir. Et d'annoncer à nos proches et à notre entourage notre parcours ; notre futur en construction.




3 commentaires:

  1. C'est vrai, vous êtes vivants, lancés dans une merveilleuse aventure, et cela fait du bien de relativiser, mais la souffrance due à votre parcours est aussi tout à fait légitime.
    Alors, si cela n'est pas facile à partager avec l'entourage, tu fais bien de le faire ici, cela fait du bien aussi :)
    Courage, le parcours est long, pas toujours facile, et je ne vais pas dire qu'il n'en est que plus beau car ça fait un peu maso, mais en tous cas il en vaut la peine :)

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  2. Merci pour ce gentil commentaire. Ce n'est pas toujours évident de se confier.
    C'est vrai que ça en vaut la peine. Une amie qui a eu ses enfants par FIV m'a dit que ça les rendaient plus précieux.
    Je crois qu'on ne connait vraiment la valeur des choses que quand on galère pour les avoir :-(

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  3. Est ce que je vais réussir à poster mon commentaire cette fois ?
    Et maintenant vous en parlez autour de vous ?
    Ca a du être très difficile de vivre ça seuls, sans en parler à vos proches. Nous on a tout déballé dès le premier spermogramme à zéro, on ne pouvait pas garder ça pour nous...

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